Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/211

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Cette page a été validée par deux contributeurs.

pre[1]. L’histoire désormais perd de vue son itinéraire. Pendant que Paul marche à la gloire, son compagnon, devenu obscur dès qu’il a quitté celui qui l’éclairait de ses rayons, s’use dans les travaux d’un apostolat ignoré. L’injustice énorme qui souvent régit les choses de ce monde préside à l’histoire comme à tout le reste. Ceux qui prennent le rôle du dévouement et de la douceur sont d’ordinaire oubliés. L’auteur des Actes, avec sa naïve politique de conciliation, a sans le vouloir sacrifié Barnabé au désir qu’il avait de réconcilier Pierre et Paul. Par une sorte de besoin instinctif de compensation, diminuant Paul d’un côté et le subordonnant, il l’a grandi de l’autre aux dépens d’un collaborateur modeste, qui n’eut pas de rôle tranché et qui ne pesait pas sur l’histoire du poids inique qui résulte des arrangements de partis. De là vient l’ignorance où nous sommes sur ce qui concerne l’apostolat de Barnabé. Nous savons seulement que cet apostolat continua d’être actif. Barnabé demeura fidèle aux grandes règles que lui et Paul avaient établies dans leur première mission. Il ne prit pas de compagne de ses pérégrinations, il vécut toujours de son travail sans rien accepter des Églises[2]. Il se rencontrera encore avec Paul à Antioche. L’humeur

  1. Act., xv, 39.
  2. I Cor., ix, 6.