Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/228

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courir à Rome pour s’enrichir du fruit de leurs mauvaises pratiques. Malgré les terribles substitutions de races qui suivirent[1], on peut dire que la Macédoine a encore conservé le même caractère. C’est un pays placé dans les conditions normales de la vie européenne, boisé, fertile, arrosé par de grands cours d’eau, ayant des sources intérieures de richesses, tandis que la Grèce, maigre, pauvre, singulière en tout, n’a que sa gloire et sa beauté. Terre de miracles, comme la Judée et le Sinaï, la Grèce a fleuri une fois, mais n’est pas susceptible de refleurir ; elle a créé quelque chose d’unique, qui ne saurait être renouvelé ; il semble que, quand Dieu s’est montré dans un pays, il le sèche pour jamais. Terre de klephtes et d’artistes, la Grèce n’a plus de rôle original le jour où le monde entre dans la voie de la richesse, de l’industrie, de l’ample consommation ; elle ne produit que le génie ; on s’étonne en la parcourant qu’une race puissante ait pu vivre sur ce tas de montagnes arides, au milieu desquelles un fond de vallée qui a quelque humidité, une petite plaine d’un kilomètre font crier au miracle ; jamais on ne vit si bien l’opposition qu’il y a entre l’opulence et le grand art. La Macédoine, au contraire,

  1. L’élément slave domine maintenant en Macédoine.