Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/254

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de la Macédoine, que le séjour en ce pays semblait devenu impossible à Paul. Il se voyait traqué de ville en ville, et les émeutes naissaient en quelque sorte sous ses pas. La police romaine ne lui était pas très-hostile ; mais elle agissait dans ces circonstances selon les principes habituels de la police. Dès qu’il y avait trouble dans la rue, elle donnait tort à tout le monde, et, sans s’inquiéter du bon droit de celui qui servait de prétexte à l’agitation, elle le priait de se taire ou de s’en aller. C’était au fond donner raison à l’émeute et établir en principe qu’il suffit de quelques fanatiques pour priver un citoyen de ses libertés. Le gendarme ne s’est jamais piqué de beaucoup de philosophie. Paul résolut donc de partir et de se rendre dans un pays assez éloigné pour que la haine de ses adversaires fût dépistée. Laissant Silas et Timothée en Macédoine, il se dirigea avec les Béréens vers la mer[1].

Ainsi finit cette brillante mission de Macédoine, la plus féconde de toutes celles que Paul avait jusqu’ici accomplies. Des Églises composées d’éléments tout nouveaux étaient formées. Ce n’était plus la légèreté syrienne, la bonhomie lycaonienne ; c’étaient des races fines, délicates, élégantes, spirituelles,

  1. Act., xvii, 14-15. Lisez ἕως.