Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/29

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jections qu’on adresse à l’épître aux Colossiens sous le rapport de la langue et des doctrines s’adressent encore plus à celle-ci. L’épître aux Éphésiens, pour le style, s’écarte sensiblement des épîtres certaines ; elle a des expressions favorites, des nuances qui n’appartiennent qu’à elle, des mots étrangers à la langue ordinaire de saint Paul, et dont quelques-uns se retrouvent dans les épîtres à Timothée, à Tite et aux Hébreux[1] ; la phrase est diffuse, molle, chargée de mots inutiles et de répétitions, enchevêtrée d’incidentes parasites, pleine de pléonasmes et d’embarras[2]. Même différence pour le fond des idées : dans l’épître dite aux Éphésiens, le gnosticisme est tout à fait manifeste[3] ; l’idée de l’Église, conçue comme un organisme vivant[4], y est développée d’une manière qui reporte l’esprit aux années 75 ou 80 ; l’exégèse s’écarte des habitudes de Paul[5] ; la façon dont il est

  1. Διάϐολος, σωτήριον, ἐν τοῖς ἐπουρανίοις τὰ πνευματικά pour τὰ πνεύματα, φωτίζειν dans le sens d’enseigner, οἰκονομία appliqué au plan divin, construction particulière de πληροῦσθαι, ἴστε γινώσκοντες, βασιλεία τοῦ χριστοῦ καὶ θεοῦ, κοσμοκράτορες, etc. La salutation (vi, 23-24) est insolite ; la vanterie de iii, 4, l’est encore plus.
  2. Ch. II et III surtout.
  3. i, 19 et suiv. ; ii, 2 ; iii, 9 et suiv., 18-19 ; iv, 13 ; vi, 12. Comp. Valentin, dans les Philosophumena, VI, 34.
  4. Voir surtout ii, 1-22.
  5. Eph., iv, 8-10 ; v, 14, vi, 2-3.