Aller au contenu

Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/352

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

manger Jésus, s’unir à lui et entre eux par un mystère ineffable. On y préludait en se donnant le « saint baiser », ou « baiser d’amour[1] », sans qu’aucun scrupule vînt troubler cette innocence d’un autre âge d’or. D’ordinaire, les hommes se le donnaient entre eux et les femmes se le donnaient entre elles[2]. Quelques Églises cependant poussaient la sainte liberté jusqu’à ne faire dans le baiser d’amour aucune distinction des sexes[3]. La société profane, peu capable de comprendre une telle pureté, prit occasion de là pour diverses calomnies. Le chaste baiser chrétien éveilla les soupçons des libertins, et de bonne heure

  1. I Thess., v, 26 ; I Cor., xvi, 20 ; II Cor., xiii, 12 ; Rom., xvi, 16 ; I Petri, v, 14 ; Justin, Apol. I, 65 ; Constit. apost., II, 57 ; VIII, 11 ; Clément d’Alex., Pædag., III, 11 ; Tertullien, De oratione, 14 ; Lucien, Lucius, 17 ; Cyrille de Jérus., Catech. myst., v, 3 (Paris, 1720, p. 326). Cf. Genes., xxxiii, 4 ; II Sam., xiv, 23 ; Luc, xv, 20, où le baiser implique l’idée de réconciliation. Cf. Suicer, Thes. eccl., aux mots ἀσπάζομαι, ἀσπασμός, φίλημα ; Renaudot, Liturg. oriental. coll., I, p. 12, 26, 39, 60, 142, etc. L’Église latine transporta le baiser de paix après la communion, puis le supprima ou le transforma.
  2. Constit. apost., II, 57 ; VIII, 11 ; Concile de Laodicée, canon 19 ; traité Ad virginem lapsam, attribué à saint Ambroise, à saint Jérôme et à saint Augustin, ch. vi ; Amalaire, De eccl. offic., III, 32 ; livre De offic. div., attribué à Alcuin, c. xxxix, xl ; Haymon de Halberstadt, In Rom., xvi, 16 ; G. Duranti, Rationale, l. IV, c. liii, no 9.
  3. Tertullien, Ad uxorem, II, 4.