Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/410

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ment, parfois j’ai peur que je n’aie travaillé chez vous en pure perte.

« Faites comme moi, frères, je vous en prie. Je suis un d’entre vous ; jusqu’ici, vous ne m’avez fait encore aucun mal. Vous vous rappelez l’état de faiblesse où j’étais quand je vous évangélisai la première fois, et à quelle épreuve je vous mis par l’infirmité de ma chair. Vous eûtes la bonté de ne pas me mépriser, de ne pas me repousser ; vous me reçûtes comme un ange de Dieu, comme Christ Jésus. Que sont devenus ces sentiments ? Je vous rends témoignage que, s’il eût été possible, vous vous fussiez arraché les yeux pour me les donner. Je suis donc devenu votre ennemi, parce que je vous dis la vérité ? Il y a des gens jaloux de votre affection, mais non en vue du bien ; ils veulent vous détacher de moi, pour que vous les aimiez. L’affection qui a pour objet le bien est une belle chose ; mais il faut qu’elle soit constante, et je voudrais que la vôtre pour moi ne se bornât pas au temps où je suis près de vous. O mes chers fils, vous que j’enfante de nouveau avec douleur, jusqu’à ce que Christ soit formé en vous, que je voudrais être près de vous à cette heure et vous parler sur un autre ton ; car je suis tombé dans de grandes perplexités à votre sujet…

« Christ nous a donné la liberté ; tenez-vous donc fermes, et ne reprenez pas le joug de la servitude. C’est moi, Paul, qui vous le dis : Si vous vous faites circoncire, Christ ne vous servira de rien. Je déclare, d’un autre côté, à tout homme qui se fait circoncire que, par ce seul acte, il s’engage à observer toute la Loi. Vous n’avez plus rien de commun avec Christ, vous tous qui cherchez la justification