Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/457

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dicée surtout, sont le théâtre d’une controverse qui se rattache à la question vitale du christianisme, et où le parti traditionnel se montre fort éloigné des idées de Paul[1]. Le montanisme est une sorte de retour vers le judaïsme au sein du christianisme phrygien. En d’autres termes, en Asie comme à Corinthe[2], la mémoire de Paul, après sa mort, paraît avoir subi durant cent ans une sorte d’éclipse. Les Églises mêmes qu’il avait fondées l’abandonnent comme un homme trop compromettant, si bien qu’au iie siècle Paul paraît universellement renié[3].

Cette réaction dut se produire très-peu de temps après la mort de l’apôtre, peut-être même auparavant. Les chapitres ii et iii de l’Apocalypse sont un cri de haine contre Paul et ses amis. Cette Église d’Éphèse, qui doit tant à Paul, est louée « de ne pouvoir supporter les méchants, d’avoir su éprouver ceux qui se disent apôtres sans l’être[4], de les avoir convaincus de mensonge, de haïr les œuvres des nicolaïtes[5] », « que moi aussi je hais », ajoute la voix

  1. Eusèbe, H. E., IV, 26 ; V, 23-25 ; Chron. pascale, p. 6 et suiv. (Du Cange).
  2. Voir ci-dessus, p. 325.
  3. Denys de Cor., dans Eus., H. E., II, 25.
  4. Comp. II Cor., xi, 13.
  5. Voir ci-dessus, p. 304-305.