Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/459

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de Satan, comme ils disent[1], je ne vous enverrai pas d’autre fléau[2] ». — Et à l’Église de Philadelphie : « Je permettrai à des gens de la synagogue de Satan, qui se disent juifs sans l’être et qui sont des menteurs, de venir et de se jeter à tes pieds et d’apprendre que je t’aime[3] ». — Peut-être, les vagues reproches adressés par le Voyant aux Églises de Sardes et de Laodicée[4] renferment-ils aussi des allusions au grand débat qui déchirait l’Église de Jésus.

Disons-le encore, si Paul avait été le seul missionnaire de l’Asie, on ne concevrait pas que, peu de temps après sa mort (en supposant qu’il fût mort quand l’Apocalypse parut), ses adhérents pussent être présentés comme en minorité dans les Églises de ce pays ; on ne concevrait pas surtout que l’Église d’Éphèse, dont il fut le principal fondateur, l’eût qualifié d’un sobriquet injurieux. Paul, en général, s’interdisait de travailler sur le terrain d’autrui, de prêcher et d’écrire à des Églises qu’il n’avait pas

  1. Allusion à I Cor., ii, 10. Paul désignait souvent ses révélations du nom de « profondeurs de Dieu ». Ses adversaires, par ironie, substituaient au nom de Dieu le nom de Satan.
  2. Apoc., ii, 20 et suiv.
  3. Apoc., iii, 9.
  4. Apoc., iii, 1 et suiv., 14 et suiv.