Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/471

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tres[1]. Les dons de l’Esprit, la glossolalie, la prédication prophétique, le don des miracles, ailleurs sujets de tant d’édification, dégénéraient en scènes choquantes[2]. On se jalousait réciproquement[3] ; les inspirés de classes diverses s’interrompaient d’une façon inconvenante[4]. Il en résultait dans l’église des désordres étranges[5]. Les femmes, ailleurs si soumises, étaient ici audacieuses et réclamaient presque l’égalité avec les hommes. Elles voulaient prier tout haut et prophétiser dans l’église, et cela sans voile, leurs longs cheveux déroulés, rendant l’assemblée témoin de leurs extases, de leurs molles ivresses, de leurs pieux abandons[6].

Mais c’étaient surtout les agapes ou festins mystiques qui donnaient lieu aux abus les plus criants. Les scènes de bombance qui suivaient les sacrifices païens s’y reproduisaient[7]. Au lieu de tout mettre en commun, chacun mangeait la part qu’il avait apportée ; les uns sortaient presque ivres, les autres

  1. I Cor., xiv, 36.
  2. I Cor., xiv, 23 et suiv.
  3. I Cor., xii, 15 et suiv. ; xiii, 4.
  4. I Cor., xiii, 5 ; xiv, 33, 39.
  5. I Cor., xiv, 40.
  6. I Cor., xi, 3 et suiv. ; xiv, 33-35.
  7. Voir l’étymologie grotesque de μεθύειν, dans Philon, De plantat. Noe, § 39.