Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/48

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Cette fois encore, c’est à chaque phrase que les difficultés se présentent. Pas un mot pour les fidèles crétois, rien qu’une dureté injurieuse et inconvenante (i, 12-13) ; — nouvelles déclamations contre des erreurs dont l’existence dans des Églises récemment fondées ne se conçoit pas (i, 10 et suiv.), erreurs que Paul absent voit et connaît mieux que Tite qui est sur les lieux ; — détails qui supposeraient le christianisme déjà ancien et complètement développé dans l’île (i, 5-6) ; — recommandations triviales, portant sur des points trop clairs. Une telle épître aurait été bien inutile à Titus ; pas un mot de tout cela qu’il ne dût savoir par cœur. Mais ce n’est pas par des inductions de convenance, c’est par des arguments directs qu’on peut montrer le caractère apocryphe du document dont il s’agit.

Si l’on veut rattacher cette lettre à la période de la vie de Paul connue par les Actes, on éprouve les mêmes difficultés que pour les précédentes. Selon les Actes, Paul ne touche en Crète qu’une fois, et cela dans son naufrage ; il n’y fait qu’un très-court séjour ; durant ce séjour, il est captif. Ce n’est sûrement pas à ce moment-là que Paul a pu commencer à fonder des Églises dans l’île. D’ailleurs, si c’était au voyage de Paul captif que se rapportait Tit., i, 5, Paul quand il écrit serait prisonnier à Rome. Comment