Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/513

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dans les Églises d’Asie Mineure et de Grèce de l’aisance, mais pas de grandes fortunes. Paul connaissait les habitudes économes du monde où il avait vécu. L’insistance avec laquelle il présente sa nourriture et son entretien comme une lourde charge dont il n’a pas voulu grever les Églises prouve qu’il partageait lui-même ces chétives attentions de pauvres gens, obligés de regarder à des riens. Il pensa que, si, dans les Églises de Grèce, on attendait son arrivée pour la collecte, la chose se ferait mal. Il voulut donc que, le dimanche, chacun mît chez lui à part une épargne proportionnée à ses moyens pour cette pieuse destination. Ce petit trésor de charité devait attendre, toujours grossissant, son arrivée. Alors, les Églises choisiraient aux voix[1] des députés, et Paul les enverrait avec des lettres de recommandation porter l’offrande à Jérusalem. Peut-être même, si le résultat en valait la peine, Paul irait-il en personne, et alors les députés l’accompagneraient. Tant d’honneur et de bonheur, aller à Jérusalem, voir les apôtres, voyager en compagnie de Paul, faisait tressaillir tous les croyants. Une émulation de bien faire, savamment allumée par le grand maître en l’art de la direction des âmes, tenait tout le monde

  1. II Cor., viii, 19.