Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/517

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celle des orfèvres, qui fabriquaient des petits naos d’Artémis. Les étrangers emportaient avec eux ces objets, qui, posés ensuite sur leurs tables ou dans l’intérieur de leurs maisons, leur représentaient le célèbre sanctuaire[1]. Un grand nombre d’ouvriers étaient employés à ce travail. Comme tous les industriels vivant de la piété des pèlerins, ces ouvriers étaient très-fanatiques. Prêcher un culte subversif de celui qui les enrichissait leur paraissait un affreux sacrilège ; c’était comme si de nos jours on allait déclamer contre le culte de la Vierge à Fourvières ou à la Salette. Une des façons dont on résumait la doctrine nouvelle était : « Les dieux faits de main d’homme ne sont pas des dieux. » Cette doctrine était arrivée à une publicité suffisante pour que les orfèvres en conçussent de l’inquiétude. Leur chef, nommé Démétrius, les excita à une manifestation violente, soutenant qu’il s’agissait avant tout de l’honneur d’un temple que l’Asie et le monde entier révéraient. Les ouvriers se jetèrent dans les rues, criant : « Vive la grande Artémis d’Éphèse ! »

  1. Voir Dion Cassius, XXXIX, 20. Comp. Εἰς τὴν Ἀριστοτ. Ῥητορικ. ὑπόμν. ἀνών., publié par Conrad Neobarius (Paris, 1539), fol. 26 verso, lignes 28-29. Pour les monuments figurés, voir l’abbé Greppo, Recherches sur les temples portatifs des anciens (Lyon, 1834), p. 22 et suiv.