Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/611

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

série de tribulations dont il ne sortit peut-être que par la mort.

Pendant les sept jours qui s’étaient écoulés depuis son arrivée à Jérusalem, la haine des Juifs contre lui s’était terriblement exaspérée. Le premier ou le deuxième jour de son arrivée, on l’avait vu se promener dans la ville avec Trophime d’Éphèse, qui n’était pas circoncis. Des juifs d’Asie reconnurent Trophime et répandirent le bruit que Paul l’avait introduit dans le temple. Cela était faux assurément ; outre que c’eût été s’exposer à un péril de mort trop certain, Paul n’eut pas sans doute un moment la pensée de faire participer ses chrétiens aux pratiques religieuses du temple. Ces pratiques étaient pour lui frappées de stérilité ; leur continuation était presque une insulte aux mérites du Christ. Mais la haine religieuse se contente à peu de frais, quand il s’agit de trouver un prétexte aux violences. La populace de Jérusalem fut bientôt persuadée que Paul avait commis un crime qui ne pouvait se laver que dans le sang. Comme tous les grands révolutionnaires, Paul arrivait à l’impossibilité de vivre. Les inimitiés qu’il avait soulevées allaient se liguer ; le vide se faisait autour de lui. Ses compagnons étaient étrangers à Jérusalem ; les chrétiens de cette ville le tenaient pour un ennemi et s’entendaient presque