Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/64

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latin de l’épître dans le Claromontanus suffiraient pour éveiller le soupçon du critique et prouver que cette épître n’entra dans le canon de l’Église latine que tardivement et comme par surprise[1].

Même incertitude dans la tradition. Marcion n’avait pas l’épître aux Hébreux dans son recueil des épîtres de Paul[2] ; l’auteur du canon dit de Muratori l’omet dans sa liste. Irénée connaissait l’écrit en question, mais il ne le considérait pas comme de Paul[3]. Clément d’Alexandrie[4] le croit de Paul ; mais il sent la difficulté de cette attribution, et il a recours, pour sortir d’embarras, à une hypothèse peu acceptable : il suppose que Paul écrivit l’épître en hébreu et que Luc la traduisit en grec. Origène admet aussi en un sens l’épître aux Hébreux comme de Paul, mais

    qui infirme ce raisonnement, c’est : 1o que la stichométrie du Claromontanus offre beaucoup de fautes et de particularités ; 2o que l’épître ordinairement attribuée à Barnabé s’est trouvée dans le Codex Sinaiticus avec le Pasteur, d’une façon qui paraît répondre à la stichométrie du Claromontanus (voir cependant Tertullien, De pudic., 20).

  1. Tischendorf, Codex Claromontanus, p. xvi.
  2. Épiph., hær. xlii, 9.
  3. Étienne Gobar, dans Photius, Biblioth., cod. ccxxxiii, p. 291 (Bekker) ; Eusèbe, H. E., V, 26. Dans sa polémique contre les hérésies, Irénée cite fréquemment toutes les épîtres de Paul ; il ne cite pas l’épître aux Hébreux, qui allait si bien à son but.
  4. Cité par Eusèbe, H. E., VI, 13, 14.