Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/87

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

l’autorité de l’Église constituée et armée d’une sorte de pierre de touche pour discerner l’erreur de la vérité, une fois que les petites confréries démocratiques du premier âge apostolique ont abdiqué leurs pouvoirs entre les mains de l’évêque, le christianisme est complet. L’enfant grandira encore ; mais il a tous ses membres ; ce n’est plus un embryon ; il n’acquerra plus d’organe essentiel. Vers le même temps, d’ailleurs, les derniers liens qui attachaient l’Église chrétienne à sa mère, la synagogue juive, sont coupés ; l’Église existe comme un être indépendant ; elle n’a plus pour sa mère que de l’aversion. L’histoire des origines du christianisme finit à ce moment. J’espère qu’il me sera donné avant cinq ans d’achever cette œuvre, à laquelle j’ai voulu réserver les plus mûres années de ma vie. Elle m’aura coûté bien des sacrifices, surtout en m’excluant de l’enseignement du Collège de France, second but que je m’étais proposé. Mais il ne faut pas être trop exigeant ; peut-être celui à qui, sur deux desseins, il a été donné d’en réaliser un, ne doit-il pas accuser le sort, surtout s’il a compris ces desseins comme des devoirs.