Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/166

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fidèle Timothée à celle de quelques autres : « Chacun cherche son intérêt, non l’intérêt de Christ Jésus[1]. » Timothée seul paraît n’avoir jamais excité aucune plainte chez ce maître sévère, aigri, difficile à contenter. Il n’est pas admissible que Aristarque, Épaphras, Jésus dit Justus, l’aient délaissé[2] ; mais plusieurs d’entre eux purent se trouver absents à la fois ; Titus était en mission[3] ; d’autres qui lui devaient tout, notamment des gens d’Asie, entre lesquels on cite Phygelle et Hermogène, cessèrent de le fréquenter[4]. Lui, autrefois si entouré, il se vit dans l’isolement. Les chrétiens de la circoncision l’évitaient[5]. Luc, à certains moments, fut seul avec lui[6]. Son caractère, qui avait toujours été un peu morose, s’exaspérait ; on ne pouvait presque plus vivre en sa compagnie. Paul eut de la sorte un cruel sentiment de l’ingratitude des hommes. Chaque mot qu’on lui prête vers ce temps est plein de mécontentement et

    3 et suiv., 6-16. Ce dernier écrit n’est pas de Paul ; mais il peut contenir des renseignements vrais.

  1. Phil., ii, 20-21.
  2. Les épîtres aux Colossiens et à Philémon, en effet, les présentent comme fidèles.
  3. II Tim., iv, 10.
  4. II Tim., i, 15.
  5. Col., iv, 11, selon le sens le plus probable. Cf. Tit., i, 10.
  6. II Tim., iv, 11.