Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/216

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cendie avait déblayés[1]. On pensa qu’il avait voulu préparer les terrains de ce nouveau palais, justifier la reconstruction qu’il projetait depuis longtemps, se procurer de l’argent en s’appropriant les débris de l’incendie, satisfaire enfin sa folle vanité, qui lui faisait désirer d’avoir Rome à rebâtir pour qu’elle datât de lui et qu’il pût lui donner son nom.

Tout porte à croire que ce n’était point là une calomnie. Le vrai, quand il s’agit de Néron, peut n’être guère vraisemblable. Qu’on ne dise pas qu’avec son pouvoir il avait des moyens plus simples que l’incendie pour se procurer les terrains qu’il désirait. Le pouvoir des empereurs, sans bornes en un sens, trouvait d’un autre côté bientôt sa limite dans les usages, les préjugés d’un peuple conservateur au plus haut degré de ses monuments religieux. Rome était pleine de sanctuaires, de lieux saints, d’areæ, d’édifices qu’aucune loi d’expropriation n’aurait pu faire disparaître. César et plusieurs autres empereurs avaient vu leurs desseins d’utilité publique, surtout en ce qui concerne la rectification du cours du Tibre, traversés par cet obstacle. Pour exécuter ses plans insensés, Néron n’avait réellement qu’un moyen, l’incendie. La situation ressemblait à ce qu’elle est à

  1. Suétone, Néron, 31, 38.