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CHAPITRE VII.


MASSACRE DES CHRÉTIENS. — L’ESTHÉTIQUE DE NÉRON.


Une idée infernale lui vint alors à l’esprit. Il chercha s’il n’y avait pas au monde quelques misérables, encore plus détestés que lui de la bourgeoisie romaine, sur lesquels il pût faire tomber l’odieux de l’incendie. Il songea aux chrétiens. L’horreur que ces derniers témoignaient pour les temples et pour les édifices les plus vénérés des Romains rendait assez acceptable l’idée qu’ils fussent les auteurs d’un incendie dont l’effet avait été de détruire ces sanctuaires. Leur air triste devant les monuments paraissait une injure à la patrie. Rome était une ville très-religieuse, et une personne protestant contre les cultes nationaux se reconnaissait bien vite. Il faut se rappeler que certains juifs rigoristes allaient jusqu’à ne pas vouloir toucher une monnaie présentant une effigie