Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/228

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On arrêta d’abord un certain nombre de personnes soupçonnées de faire partie de la secte nouvelle, et on les entassa dans une prison[1], qui était déjà un supplice à elle seule[2]. Elles confessèrent leur foi, ce qui put être considéré comme un aveu du crime qu’on en jugeait inséparable. Ces premières arrestations en amenèrent un très-grand nombre d’autres[3]. La plupart des inculpés paraissent avoir été des prosélytes observant les préceptes et les conventions du pacte de Jérusalem[4]. Il n’est pas admissible que de vrais chrétiens aient dénoncé leurs frères ; mais on put saisir des papiers ; quelques néophytes à peine initiés purent céder à la torture. On fut surpris de la multitude des adhérents qu’avaient réunis ces doctrines ténébreuses ; on en parla non sans épouvante. Tous les hommes sensés trouvèrent l’accusation d’avoir mis le feu extrêmement faible. « Leur vrai crime, disait-on, c’est la haine du genre humain. » Quoique persuadés que l’incendie était le crime de Néron, beaucoup de Romains sérieux virent dans ce coup de filet de la police une façon de délivrer la

  1. Συνηθροίσθη. Clém. Rom., Ad Cor. I, 6.
  2. Pasteur d’Hermas, I, vis. iii, 2.
  3. Multitudo ingens, Tacite, Ann., XV, 44 ; πολὺ πλῆθος ἐκλεκτῶν, Clém. Rom., Ad Cor. I, 6 ; ὄχλος πολύς, Apoc., vii, 9, 14.
  4. Apoc., xii, 17, qui paraît une allusion aux atrocités de l’an 64.