On arrêta d’abord un certain nombre de personnes soupçonnées de faire partie de la secte nouvelle, et on les entassa dans une prison[1], qui était déjà un supplice à elle seule[2]. Elles confessèrent leur foi, ce qui put être considéré comme un aveu du crime qu’on en jugeait inséparable. Ces premières arrestations en amenèrent un très-grand nombre d’autres[3]. La plupart des inculpés paraissent avoir été des prosélytes observant les préceptes et les conventions du pacte de Jérusalem[4]. Il n’est pas admissible que de vrais chrétiens aient dénoncé leurs frères ; mais on put saisir des papiers ; quelques néophytes à peine initiés purent céder à la torture. On fut surpris de la multitude des adhérents qu’avaient réunis ces doctrines ténébreuses ; on en parla non sans épouvante. Tous les hommes sensés trouvèrent l’accusation d’avoir mis le feu extrêmement faible. « Leur vrai crime, disait-on, c’est la haine du genre humain. » Quoique persuadés que l’incendie était le crime de Néron, beaucoup de Romains sérieux virent dans ce coup de filet de la police une façon de délivrer la