Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/23

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Église n’a même pas un presbyteros ; elle a des presbyteri ou « anciens », et les expressions dont se sert l’auteur n’impliquent nullement que ces anciens formassent un corps distinct[1]. Une circonstance qui mérite d’être notée, c’est que l’auteur[2], tout en cherchant à relever l’abnégation dont Jésus fit preuve dans sa Passion, omet un trait essentiel raconté par Luc, et donne ainsi à croire que la légende de Jésus n’était pas encore arrivée, lorsqu’il écrivait, à tout son développement.

Quant aux tendances éclectiques et conciliatrices qu’on remarque dans l’Épître de Pierre, elles ne constituent une objection que pour ceux qui, avec Christian Baur et ses disciples, se figurent la dissidence de Pierre et de Paul comme une opposition absolue. Si la haine entre les deux partis du christianisme primitif avait été aussi profonde que le croit cette école, la réconciliation ne se serait jamais faite. Pierre n’était point un juif obstiné comme Jacques. Il ne faut pas, en écrivant cette histoire, songer seulement aux Homélies pseudo-clémentines et à l’Épître aux Galates ; il faut aussi rendre compte des Actes des apôtres. L’art de l’historien doit consister à présenter les

  1. I Petri, v, 1 : πρεσϐυτέρους ἐν ὑμῖν, leçon de Vat. et Sin. ; πρεσϐυτέρους τοὺς ἐν ὑμῖν, leçon reçue.
  2. I Petri, ii, 23. Cf. Luc, xxiii, 34.