Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/251

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hostis patriæ, hostis publicus, humani generis inimicus, hostis deorum atque hominum, autant d’appellations écrites dans les lois pour désigner ceux qui mettaient la société en péril, et contre lesquels tout homme, selon l’expression de Tertullien, devenait un soldat[1]. Le nom seul de chrétien était de la sorte un crime[2]. Comme l’arbitraire le plus complet était laissé aux juges pour l’appréciation de pareils délits[3], la vie de tout fidèle, à partir de ce jour, fut entre les mains de magistrats d’une horrible dureté, et remplis contre eux de féroces préjugés[4].

Il est permis, sans invraisemblance, de rattacher à l’événement dont nous venons de faire le récit la mort des apôtres Pierre et Paul[5]. Un sort vraiment

  1. Tertullien, Apol., 2, 25, 33, 37 ; Ad Scapulam, 4. Cf. Cod. Theod., l. 3, 6, 7, 9, de Maleficis et mathematicis (IX, xviii). Cf. Actes du martyre de saint Cyprien, § 4, dans Ruinart, Acta sincera, p. 217.
  2. I Petri, iv, 14. Cf. Matth., x, 22 ; xxiv, 9 ; Marc, xiii, 13 ; Luc, xxi, 12, 17.
  3. Digeste, l. 6, ad legem Juliam peculatus (XLVIII, xiii). Cf. ibid., l. 4, § 2.
  4. Paul, Sentent., V, xxix, 1. Luc, xxi, 12, est écrit sous la préoccupation de ces vexations judiciaires.
  5. C’est l’hypothèse d’Eusèbe (Chron., ann. 13 de Nér.), parfaitement d’accord avec Clément Romain, Ad Cor. I, 5 et 6, et confirmée par Apoc., xviii, 20. Cf. Euthalius, p. 532 ; Georges le Syncelle, p. 339.