Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/39

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plume pour son maître, et nous regardons comme plausible l’opinion qui lui attribuerait la rédaction du quatrième Évangile et de la première épître dite de Jean. La deuxième et la troisième épître dites de Jean, où l’auteur se désigne par les mots ὁ πρεσϐύτερος, nous paraissent son œuvre personnelle et avouée pour telle[1]. Mais certainement, à supposer que Presbyteros Johannes soit pour quelque chose dans la seconde classe des écrits johanniques (celle qui comprend le quatrième Évangile et les trois épîtres), il n’est pour rien dans la composition de l’Apocalypse. S’il y a quelque chose d’évident, c’est que l’Apocalypse, d’une part, l’Évangile et les trois épîtres, d’autre part, ne sont pas sortis de la même main[2]. L’Apocalypse est le plus juif, le quatrième Évangile est le moins juif des écrits du Nouveau Testament[3]. En admettant que l’apôtre Jean soit l’auteur de quel-

    une autre catégorie que les apôtres, « disciples du Seigneur ». Eusèbe exagère, en tout cas, en concluant de la phrase de Papias que ce dernier a été auditeur d’Aristion et du Presbyteros.

  1. Nous reviendrons sur tous ces points dans notre tome V.
  2. C’est ce que Denys d’Alexandrie, dans la seconde moitié du IIIe siècle, avait déjà parfaitement aperçu. Sa thèse, bornée à cela, est un modèle de dissertation philologique et critique. Eusèbe, H. E., VII, 25.
  3. Le nom de « Juif », toujours pris comme synonyme « d’adversaire de Jésus », dans le quatrième Évangile, est dans l’Apocalypse le titre suprême d’honneur (ii, 9 ; iii, 9).