Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/407

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Nulle part les bonnes œuvres, les institutions charitables[1], les sociétés de secours mutuels entre gens exerçant le même métier[2], n’eurent autant d’importance. Des espèces d’orphelinats, de crèches ou d’asiles pour les enfants[3] attestent des soucis de philanthropie singulièrement développés. Philadelphie offrait un spectacle analogue ; les corps d’états y étaient devenus la base des divisions politiques[4]. Une démocratie pacifique d’ouvriers, associés entre eux, ne s’occupant pas de politique, était la forme sociale de presque toutes ces riches villes d’Asie et de Phrygie. Loin d’être interdite à l’esclave, la vertu y était considérée comme l’apanage spécial de celui qui souffre. Vers le temps où nous sommes, naissait à Hiérapolis même un enfant si pauvre, qu’on le vendit au berceau et qu’on ne le connut jamais que sous le nom d’ « esclave acheté », Epictetos, nom qui grâce à lui est devenu synonyme de la vertu même. Un jour sortira de ses leçons ce livre admirable, manuel des âmes fortes qui répugnent au surnaturel

  1. Wagener, l. c., p. 7 et suiv.
  2. V. Saint Paul, p. 354-355. Voir surtout Waddington, Inscr., no 1687.
  3. Ἐργασία θρεμματική. Waddington, no 1687 ; Wagener, p. 7-8 ; cf. Corpus inscr. gr., no 3318, et Notices et extraits, t. XXVIII, 2e partie, p. 425.
  4. Corpus inscr. gr., no 3422 ; Wagener, l. c., p. 10-11.