Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/415

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rente à tous les partis, telle était la passion qui remplissait ces fortes natures juives, que probablement la disparition du « Destructeur de la Loi[1] » fut saluée par les cris de joie de ses adversaires. Pour plusieurs, la mort de ce brouillon, de ce trouble-fête, fut un véritable débarras. Nous avons vu que Paul à Éphèse se sentait entouré d’ennemis[2] ; les derniers discours qu’on lui prête en Asie sont pleins de tristes pressentiments[3]. Au commencement de l’an 69, nous allons trouver la haine contre lui vivace encore. Puis la controverse s’apaisera ; le silence se fera autour de sa mémoire. Au moment où nous sommes, nul ne paraît l’avoir soutenu, et c’est là justement ce qui plus tard le sauva. La réserve, ou, si l’on veut, la faiblesse de ses partisans amena une conciliation ; les pensées les plus hardies finissent par se faire accepter, pourvu qu’elles subissent longtemps sans répondre les objections des conservateurs.

La rage contre l’empire romain, la joie des malheurs qui lui arrivaient, l’espérance de le voir bientôt se démembrer étaient la pensée la plus intime de

    typique pour signifier quelqu’un jouant le rôle de prophète à l’égard des païens, et de séducteur à l’égard d’Israël.

  1. Primasius, Comment. sur les épîtres de Paul, dans la Bibl. max. Patrum (Lugd.), t. X, p. 144.
  2. Voir Saint Paul, p. 425.
  3. Act., xx, 29-30.