Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/451

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mier sceau, un cheval blanc[1] s’élance ; le cavalier qui le monte tient un arc à la main ; une couronne ceint sa tête ; il remporte partout la victoire. C’est l’Empire romain, auquel, jusqu’à l’époque du Voyant, rien n’avait pu résister. Mais ce prologue triomphal est de courte durée ; les signes avant-coureurs de l’apparition brillante du Messie seront des fléaux inouïs, et c’est par les plus effrayantes images que se continue la tragédie céleste[2]. Nous sommes au commencement de ce qu’on appelait « la période des douleurs du Messie[3] ». Chaque sceau qui s’ouvre désormais amène sur l’humanité quelque horrible malheur.

À l’ouverture du deuxième sceau, un cheval roux s’élance. À celui qui le monte il est donné d’enlever la paix de la terre et de faire que les hommes s’égorgent les uns les autres ; on lui met en main une grande épée. C’est la Guerre. Depuis la révolte de Judée et surtout depuis le soulèvement de Vindex, le monde n’était, en effet, qu’un champ de carnage, et l’homme pacifique ne savait où fuir.

  1. Le cheval blanc est le symbole de la victoire et du triomphe. Iliade, X, 437 ; Plutarque, Camille, 7 ; Virg., Æneid., III, 538, et Servius sur ce vers.
  2. Comp. Zacharie, i, 7-17, et vi, 1-8 ; Jérémie, xxi, 9 ; xxxii, 36 ; IV d’Esdras, v, 6 et suiv. ; vi, 22 et suiv., ix, 3 (Vulg.).
  3. Ἀρχὴ ὠδίνων. Matth., xxiv, 8 ; Marc, xiii, 9.