Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/488

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cette vision, qui eut sans doute dans l’esprit de l’auteur la même précision matérielle que les autres, mais qui, se rapportant à un fait provincial que les historiens n’ont pas mentionné, et qui n’eut d’importance que dans les impressions personnelles du Voyant, reste pour nous une énigme.

Au milieu de flots de colère apparaît maintenant un îlot de verdure[1]. Au plus fort des affreuses luttes des derniers jours, il y aura un lieu de rafraîchissement : c’est l’Église, la petite famille de Jésus. Le prophète voit, reposant sur le mont Sion, les cent quarante-quatre mille rachetés de la terre entière, portant le nom de Dieu écrit sur leur front. L’Agneau repose paisible au milieu d’eux. Des accords célestes de harpes descendent sur l’assemblée ; les musiciens chantent un cantique nouveau, que nul autre que les cent quarante-quatre mille élus ne peut répéter. La chasteté est le signe de ces bienheureux ; tous sont vierges, sans souillure ; leur bouche n’a jamais proféré de mensonge[2] ; aussi suivent-ils l’Agneau partout où il va, comme prémices de la terre et noyau du monde futur.

Après cette rapide échappée sur un asile de paix et d’innocence, l’auteur revient à ses visions terribles.

  1. Apoc., c. xiv.
  2. Cf. Sophonie, iii, 13.