Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/498

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pour accomplir sa volonté, de suivre une pensée unique[1] et de donner leur royaume à la Bête, jusqu’à ce que les paroles de Dieu soient accomplies. Et la femme que tu as vue est la grande ville qui exerce la royauté sur les rois de la terre. »


Voilà qui est clair. La courtisane, c’est Rome, qui a corrompu le monde[2], qui a employé son pouvoir à propager et à fortifier l’idolâtrie[3], qui a persécuté les saints, qui a fait couler à flots le sang des martyrs. La Bête, c’est Néron, que l’on a cru mort, qui reviendra, mais dont le second règne sera éphémère et suivi d’une ruine définitive. Les sept têtes ont deux sens : elles sont les sept collines sur lesquelles Rome est assise ; mais elles sont surtout les sept empereurs : Jules César, Auguste, Tibère, Caligula, Claude, Néron, Galba[4]. Les cinq premiers sont morts ; Galba règne pour le moment ; mais il est vieux et faible ; il tombera bientôt. Le sixième, Néron, qui est à la fois la Bête et un des sept rois[5], n’est pas

  1. Le Codex sinaïticus porte καὶ ποιῆσαι γνώμην μίαν.
  2. Comp. Carm. sibyllina, III, 182 et suiv., 356 et suiv. ; V, 161 et suiv.
  3. Comparez les deux agadas sur l’origine de Rome : Talm. de Jér., Aboda zara, i, 3 ; Sifré, sect. Ekeb, § 52 (édit. Friedmann, p. 86) ; Talm. de Bab., Schabbath, 56 b ; Midrasch Schir hasschirim, i, 6.
  4. Voir ci-dessus, p. 407, 413.
  5. Καὶ τὸ θηρίον ὃ ἦν καὶ οὐκ ἔστιν… καὶ ἐκ τῶν ἑπτά ἐστιν.