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Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/502

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comme des Hyrcans, des Jannées, rois exterminateurs de leurs ennemis. Ils savourèrent au moins, en provinciaux haineux, la grande humiliation que la ville reine du monde éprouva, quand le droit de faire les souverains passa aux provinces, et que Rome reçut dans ses murs des maîtres qu’elle n’avait pas acclamés la première.

Quelle fut la relation de l’Apocalypse avec l’épisode singulier du faux Néron, qui, juste au moment où écrivait le Voyant de Patmos, remplissait d’émotion l’Asie et les îles de l’Archipel[1] ? Une telle coïncidence assurément est des plus singulières. Cythnos et Patmos ne sont qu’à une quarantaine de lieues l’une de l’autre, et les nouvelles circulent vite dans l’Archipel. Les jours où écrivait le prophète chrétien furent ceux où l’on parla le plus de l’imposteur, salué par les uns avec enthousiasme, entrevu par les autres avec terreur. Nous avons montré qu’il s’établit à Cythnos en janvier 69, ou peut-être en décembre 68. Le centurion Sisenna, qui toucha à Cythnos, dans les premiers jours de février, venant d’Orient et portant aux prétoriens de Rome des gages d’accord de la part de l’armée de Syrie, eut beaucoup de peine à lui échapper. Très-peu de jours après, Cal-

  1. Voir ci-dessus, p. 351-353.