Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/504

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de l’abîme serait une vive image du pouvoir éphémère que le sagace écrivain voyait sortir de la mer à l’horizon de Patmos. On ne saurait se prononcer là-dessus avec certitude, car l’opinion que Néron était chez les Parthes suffit pour tout expliquer ; mais cette opinion n’excluait pas la croyance au faux Néron de Cythnos, puisqu’on pouvait supposer que l’apparition de celui-ci était bien le retour du monstre, coïncidant avec le passage de l’Euphrate par ses alliés d’Orient[1]. En tout cas, il nous paraît impossible que ces lignes aient été écrites après le meurtre du faux Néron par Asprénas. La vue du cadavre de l’imposteur, promené de ville en ville, la contemplation de ses traits éteints par la mort, eussent parlé trop évidemment contre les appréhensions du retour de la Bête, dont l’auteur est possédé[2]. Nous admettons donc volontiers que Jean, dans l’île de Patmos, eut connaissance des événements de l’île de Cythnos[3], et que l’effet produit sur lui par ces

  1. Dans les deux passages (sixième trompette et sixième coupe) relatifs à l’invasion des Parthes, il n’est pas dit que Néron soit avec eux, mais seulement que l’invasion se fait d’accord avec lui.
  2. Ceci réfute l’opinion de ceux qui croient voir dans l’Apocalypse des allusions aux dernières luttes d’Othon et de Vitellius.
  3. Les mots οὔπω ἦλθεν conviendraient bien au moment où