Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/512

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dus, non détruits. Satan ne peut plus séduire les peuples ; mais il n’est pas anéanti pour l’éternité.

Un tribunal est établi pour proclamer ceux qui doivent faire partie du règne de mille ans[1]. Ce règne est réservé aux martyrs. La première place y appartient aux âmes de ceux qui ont été frappés de la hache pour rendre témoignage à Jésus et à la parole de Dieu (les martyrs romains de 64) ; puis viennent ceux qui ont refusé d’adorer la Bête et son image, et qui n’ont pas reçu son caractère sur leur front ni sur leurs mains (les confesseurs d’Éphèse, dont le Voyant fait partie[2]). Les élus de ce premier royaume ressuscitent et règnent mille ans sur la terre avec le Christ. Ce n’est pas que le reste de l’humanité ait disparu, ni même que le monde entier soit devenu chrétien ; le millenium est au centre de la terre comme un petit paradis. Rome n’existe plus ; Jérusalem l’a remplacée dans son rôle de capitale du monde ; les fidèles y font un royaume de prêtres[3] ; ils servent Dieu et Christ ; il n’y a plus de grand empire profane, de pouvoir civil hostile à l’Église ; les nations viennent à Jérusalem rendre hommage au Messie, qui les maintient par la terreur. Pendant ces mille années,

  1. Daniel, vii, 9, 22, 27.
  2. Comp. Apoc., 1, 9.
  3. Isaïe, lxi, 6.