Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/54

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témoins, que l’on essaya de rejeter dans l’ombre. Il arriva ce qui arrive d’ordinaire à l’origine de toutes les créations religieuses, ce qui s’observa en particulier durant les premiers siècles de l’ordre franciscain : les fondateurs de la maison furent évincés par les nouveaux venus ; les vrais successeurs des premiers pères devinrent bientôt des suspects et des hérétiques. De là ce fait que nous avons eu souvent occasion de relever, savoir que les livres favoris du judéo-christianisme ébionite et millénaire[1] se sont bien mieux conservés dans les traductions latines et orientales que dans le texte grec, l’Église grecque orthodoxe s’étant toujours montrée fort intolérante à l’égard de ces livres et les ayant systématiquement supprimés.

Les raisons qui font attribuer l’Apocalypse à l’apôtre Jean restent donc très-fortes, et je crois que les personnes qui liront notre récit seront frappées de la manière dont tout, en cette hypothèse, s’explique et se lie. Mais, dans un monde où les idées en fait de propriété littéraire étaient si différentes de

  1. Livre d’Hénoch, Apocalypse de Baruch, Assomption de Moïse, Ascension d’Isaïe, 4e livre d’Esdras, et jusqu’à ces derniers temps, le Pasteur, l’Épître de Barnabé. Par là s’explique aussi la perte plus ou moins complète du texte grec de Papias, de saint Irénée.