Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/548

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ment[1]. L’unité romaine semblait sur le point de se briser. Ce n’était pas seulement chez les chrétiens qu’une situation aussi tragique inspirait des prédictions sinistres. On parla d’un enfant à trois têtes, né en 68 à Syracuse, et on y vit le symbole des trois empereurs qui s’élevèrent en moins d’un an et qui coexistèrent même tous les trois ensemble durant plusieurs heures.

Quelques jours après que le prophète d’Asie achevait d’écrire son œuvre étrange, Galba était tué et Othon proclamé (15 janvier 69). Ce fut comme une résurrection de Néron. Sérieux, économe, désagréable. Galba était en tout le contraire de celui qu’il avait remplacé[2]. S’il avait réussi à faire prévaloir son adoption de Pison, il eût été une sorte de Nerva, et la série des empereurs philosophes eût commencé trente ans plus tôt ; mais la détestable école de Néron l’emporta. Othon ressemblait à ce monstre ; les soldats et tous ceux qui avaient aimé Néron retrouvaient en lui leur idole. On l’avait vu à côté de l’empereur défunt, jouant le rôle du premier de ses mignons, rivalisant avec lui par son affectation de fastueuses débauches, ses vices et ses folles

  1. Tacite, Hist., I, 80 et suiv. ; Suétone, Othon, 8 ; Dion Cassius, LXIV, 9, et les excerpta Vaticana, p. 111 (Sturz).
  2. Suétone, Galba, 12-15.