Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/556

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Romains, il prédit à Vespasien l’avenir qui l’attendait[1], d’après certains textes contenus dans ses Écritures sacrées. À force de répéter leurs prophéties, les Juifs avaient fait croire à un grand nombre de personnes, même non affiliées à leur secte, que l’Orient allait l’emporter, et que le maître du monde sortirait bientôt de la Judée[2]. Déjà Virgile avait endormi les vagues tristesses de son imagination mélancolique en appliquant à son temps un Cumæum carmen qui semble avoir eu quelque parenté avec les oracles du second Isaïe[3]. Les mages, chaldéens, astrologues, exploitaient aussi la croyance en une étoile d’Orient, messagère d’un roi des Juifs, réservé à de hautes destinées ; les chrétiens prenaient fort au sérieux ces chimères[4]. La prophétie était à double sens, comme tous les oracles[5] ; elle parut

  1. Jos., B. J., III, viii, 3, 9 ; IV, x, 7. Cf. Suétone, Vesp., 5 ; Dion Cassius, LXVI, 1 ; Appien, cité par Zonaras, XI, 16. Noter la réflexion de Zonaras. Cf. Tac., Hist., I, 10 ; II, 1, 73, 74, 78 ; Suét., Vesp., 5 ; Jos., B. J., III, viii, 3.
  2. Jos., B. J., VI, v, 4 ; Suétone, Vesp., 4 ; Tacite, Hist., V, 13.
  3. Virg., Ecl. iv. Comp. Suétone, Aug., 94, et le passage cité par Servius, sur Æn., VI, 799.
  4. Matth., ii, 1-2. Comp. Nombres, xxiv, 17.
  5. Χρησμὸς ἀμφίϐολος : Jos., l. c. (cf. B. J., III, viii, 3) : ambages, Tacite, l. c.. Josèphe paraît avoir surtout en vue le passage Dan., ix, 25-27. Ce qui prouve que la prédiction n’était pas, du reste, très-sérieuse dans l’esprit de Josèphe, c’est qu’on ne la trouve