Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/562

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rement que dans ce terrible drame de Jérusalem. Les acteurs semblent avoir entre eux un pacte de mort. Comme ces rondes infernales où, selon la croyance du moyen âge, on voyait Satan formant la chaîne entraîner à un gouffre fantastique des files d’hommes dansant et se tenant par la main ; de même la révolution ne permet à personne de sortir du branle qu’elle mène. La terreur est derrière les comparses ; tour à tour exaltant les uns et exaltés par les autres, ils vont jusqu’à l’abîme ; nul ne peut reculer ; car derrière chacun est une épée cachée, qui, au moment où il voudrait s’arrêter, le force à marcher en avant.

Simon, fils de Gioras, commandait dans la ville[1] ; Jean de Gischala avec ses assassins était maître du temple. Un troisième parti se forma, sous la conduite d’Éléazar, fils de Simon, de race sacerdotale, qui détacha une partie des zélotes de Jean de Gischala, et s’établit dans l’enceinte intérieure du temple, vivant des provisions consacrées qui s’y trouvaient, et de celles que l’on ne cessait d’apporter aux prêtres

  1. Le pouvoir de Bar-Gioras fut plus régulier que celui de Jean de Gischala. On a des monnaies de lui, et non, à ce qu’il semble, de Jean (voir ci-dessus, p. 274, note 2, et Madden, p. 166 et suiv.). Bar-Gioras seul fut reconnu pour vrai chef (ὁ ἄρχων αὐτῶν) par les Romains, et seul exécuté (Dion Cassius, LXVI, 7). Tacite met Jean et Simon sur le même pied (Hist., V, 12, notez la transposition).