Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/596

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superbes vêtements dont on les avait revêtus. Au milieu d’eux était Bar-Gioras, mené en grande pompe à la mort. Puis venaient les dépouilles du temple, la table d’or, le chandelier d’or à sept branches, les voiles de pourpre du Saint des saints, et, pour clore la série des trophées, le captif, le vaincu, le coupable par excellence, le livre de la Thora. Les triomphateurs fermaient la marche. Vespasien et Titus montaient deux chars séparés[1]. Titus était rayonnant ; quant à Vespasien, qui ne voyait en tout cela qu’un jour perdu pour les affaires, il s’ennuyait, ne cherchait pas à dissimuler sa vulgaire tournure d’homme occupé, exprimait son impatience de ce que la procession ne marchait pas plus vite, et disait à mi-voix : « C’est bien fait !… Je l’ai mérité !… Ai-je été assez inepte !… À mon âge[2] ! » Domitien, richement costumé, monté sur un cheval magnifique, caracolait autour de son père et de son frère aîné.

On arriva ainsi par la voie Sacrée au temple de Jupiter Capitolin, terme ordinaire de la marche triomphale. Au pied du clivus capitolinus, on faisait une halte pour se débarrasser de la partie triste de la

  1. Josèphe, qui vit la cérémonie, le dit formellement. Zonaras (XI, 17) les place sur un même char ; encore le dit-il d’une manière peu expresse.
  2. Suétone, Vesp., 12.