Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/606

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Trajan, sous Adrien, nous verrons le judaïsme national revivre et livrer encore de sanglants combats ; mais le sort était évidemment jeté ; le zélote était vaincu sans retour. La voie tracée par Jésus, comprise d’instinct par les chefs de l’Église de Jérusalem, réfugiés en Pérée, devenait décidément la véritable voie d’Israël. Le royaume temporel des Juifs avait été odieux, dur, cruel ; l’époque des Asmonéens, où ils jouirent de l’indépendance, fut leur plus triste époque. Était-ce l’hérodianisme, le sadducéisme, cette honteuse alliance d’un principat sans grandeur avec le sacerdoce, qu’il fallait regretter ? Non certes ; là n’était pas le but du « peuple de Dieu ». Il fallait être aveugle pour ne pas voir que les institutions idéales que poursuivait « l’Israël de Dieu » ne comportaient pas l’indépendance nationale. Ces institutions, étant incapables de créer une armée, ne pouvaient exister que dans la vassalité d’un grand empire, laissant beaucoup de liberté à ses raïas, les débarrassant de la politique, ne leur demandant aucun service militaire. L’empire achéménide avait entièrement satisfait à ces conditions de la vie juive ; plus tard, le califat, l’empire ottoman y satisferont encore, et verront se développer dans leur sein des communautés libres comme celles des Arméniens, des Parsis, des Grecs, nations sans patrie, confréries