Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/68

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second dans l’histoire et dont on ne trouve l’analogue que dans les annales pathologiques de l’échafaud, il fallut cependant des circonstances particulières[1]. L’école de crime où il avait grandi, l’exécrable influence de sa mère, l’obligation où cette femme abominable le mit presque de débuter dans la vie par un parricide, lui firent bientôt concevoir le monde comme une horrible comédie, dont il était le principal acteur. À l’heure où nous sommes, il s’est détaché complètement des philosophes, ses maîtres ; il a tué presque tous ses proches, mis à la mode les plus honteuses folies ; une partie de la société romaine, à son exemple, est descendue au dernier degré de la dépravation. La dureté antique arrivait à son comble ; la réaction des justes instincts populaires commençait. Vers le moment où Paul entra dans Rome, la chronique du jour était celle-ci :

Pedanius Secundus, préfet de Rome, personnage consulaire, venait d’être assassiné par un de ses esclaves, non sans qu’on pût alléguer en faveur du coupable des circonstances atténuantes. D’après la loi, tous les esclaves qui, au moment du crime, avaient habité sous le même toit que l’assassin devaient être mis à mort. Près de quatre cents malheureux étaient

  1. Voir la réflexion de Pausanias, VII, xvii, 3.