Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/75

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des hommes endurcis qui ferment leurs yeux et bouchent leurs oreilles pour ne voir ni entendre la vérité. Il termina, dit-on, par sa menace ordinaire de porter aux gentils, qui le recevraient mieux, le royaume de Dieu, dont les juifs ne voulaient pas.

Son apostolat parmi les païens fut, en effet, couronné d’un bien plus grand succès. Sa cellule de prisonnier devint un foyer de prédication ardente. Pendant les deux ans qu’il y passa, il ne fut pas gêné une seule fois dans l’exercice de ce prosélytisme[1]. Il avait près de lui quelques-uns de ses disciples, au moins Timothée et Aristarque[2]. Il semble que tour à tour ses amis demeuraient avec lui et partageaient sa chaîne[3]. Les progrès de l’Évangile étaient surprenants[4]. L’apôtre faisait des miracles, passait pour disposer de la puissance céleste et des esprits[5]. La prison de Paul fut ainsi plus féconde que ne l’avait été sa libre activité. Ses chaînes, traînées au prétoire et qu’il montrait partout avec une sorte d’ostenta-

  1. Act., xxviii, 30-31 ; Phil., i, 7.
  2. Phil., i, 1 ; ii, 19 et suiv. ; Col., iv, 10 ; Philem., 24. Luc dut faire une absence ; car Paul n’envoie pas son salut aux Philippiens.
  3. Col., iv, 10 ; Philem., 13, 23.
  4. Phil., i, 12.
  5. Rom., xv, 18-19, mis en rapport avec la légende de Simon le Magicien.