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par les disciples de Jésus, surtout quand il s’agissait de juifs[1]. Les juifs s’appropriaient ces recettes merveilleuses, et, jusqu’au IIIe siècle, on trouve des médecins juifs guérissant au nom de Jésus[2]. Cela n’étonnait personne. La croyance aux miracles journaliers était telle, que le Talmud prescrit la prière que chacun doit faire quand il lui arrive des « miracles particuliers »[3]. La meilleure preuve que Jésus crut accomplir des prodiges, c’est que les gens de sa famille et ses disciples les plus authentiques eurent en quelque sorte la spécialité d’en faire. Il est vrai qu’il faudrait aussi conclure d’après le même raisonnement que Jésus fut un juif étroit, ce à quoi l’on répugne.

Le judaïsme, du reste, renfermait dans son sein deux directions, qui le mettaient à l’égard du christianisme dans des relations opposées. La Loi et les prophètes restaient toujours les deux pôles du peuple juif. La Loi provoquait cette scolastique bizarre qu’on appelait la halaka, et d’où allait sortir le Talmud. Les prophètes, les psaumes, les livres poétiques inspi-

  1. Notez ce qui concerne Jacob de Caphar-Schekania, etc., ci-après, p. 533 et suiv., et l’exemple d’Aquila, Épiph., De mens., ch. 15. Il en était encore ainsi au IVe siècle. Voir le curieux récit d’Épiphane, hær. xxx, 4-12. Cf. Quadratus, cité par saint Jérôme, De vir. ill., c. 19.
  2. Talm. de Jér., Aboda zara, ii, 2 (fol. 40 d).
  3. Talm. de Bab., Berakoth, 54 a, 56 b, 57 a.