Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/126

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Un écrit qui peut nous donner quelque idée de ce premier embryon des Évangiles, c’est le Pirké Aboth, recueil des sentences des rabbins célèbres, depuis les temps asmonéens jusqu’au IIe siècle de notre ère. Un tel livre n’a pu se former que par des additions successives. Le progrès des écritures bouddhiques sur la vie de Çakya Mouni suivit une marche analogue. Les soutras bouddhiques répondent aux recueils des paroles de Jésus ; ce ne sont pas des biographies ; ils commencent simplement par des indications comme celle-ci : « En ce temps-là, Baghavat séjournait à Çravasti, dans le vihâra de Jétavana… etc. » La partie narrative y est très-limitée ; l’enseignement, la parabole sont le but principal. Des parties entières du bouddhisme ne possèdent que de pareils soutras. Le bouddhisme du Nord et les branches qui en sont issues ont de plus des livres comme le Lalita vistara, biographies complètes de Çakya Mouni, depuis sa naissance jusqu’au moment où il atteint l’intelligence parfaite. Le bouddhisme du Sud n’a pas de telles biographies, non qu’il les ignore, mais parce que l’enseignement théologique a pu s’en passer et s’en tenir aux soutras.