Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/15

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l’orage, au lever et au coucher du soleil, etc., ont été des sources fécondes de dieux et de demi-dieux. » Aristote avait raison de dire : « Il n’y a de science que du général. » L’histoire elle-même, l’histoire proprement dite, l’histoire se passant en plein jour et fondée sur des documents, échappe-t-elle à cette nécessité ? Non certes, nous ne savons exactement le détail de rien ; ce qui importe, ce sont les lignes générales, les grands faits résultants et qui resteraient vrais quand même tous les détails seraient erronés.

Ainsi que je l’ai dit, l’objet le plus important de ce volume est d’expliquer d’une manière plausible la façon dont se sont formés les trois Évangiles appelés synoptiques, qui constituent, si on les compare au quatrième Évangile, une famille à part. Certes, beaucoup de points restent impossibles à préciser dans cette recherche délicate. Il faut avouer cependant que la question a fait, depuis vingt ans, de véritables progrès. Autant l’origine du quatrième Évangile, de celui qu’on attribue à Jean, reste enveloppée de mystère, autant les hypothèses sur le mode de rédaction des Évangiles dits synoptiques ont atteint un haut degré de vraisemblance. Il y a eu en réalité trois sortes d’Évangiles : 1o les Évangiles originaux ou de première main, composés uniquement d’après