Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/20

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conséquent à savoir qui tint la plume en cette circonstance. Il n’en est pas de même des épîtres attribuées à saint Ignace. Les morceaux qui composent ce recueil ou sont authentiques ou sont l’œuvre d’un faussaire. Dans la seconde hypothèse, ils sont d’au moins soixante ans postérieurs à la mort d’Ignace, et telle est l’importance des changements qui s’opèrent dans ces soixante années, que la valeur documentaire desdites pièces en est absolument changée. Il est donc impossible de traiter l’histoire des origines du christianisme sans avoir à cet égard un parti décidé.

La question des épîtres de saint Ignace est, après la question des écrits johanniques, la plus difficile de celles qui tiennent à la littérature chrétienne primitive. Quelques-uns des traits les plus frappants d’une des lettres qui font partie de cette correspondance étaient connus et cités dès la fin du IIe siècle[1]. Nous avons, d’ailleurs, ici le témoignage d’un homme qu’on est surpris de voir allégué sur un sujet d’histoire ecclésiastique, celui de Lucien de Samosate. La spirituelle peinture de mœurs que ce charmant écrivain a intitulée la Mort de Pérégrinus, renferme des allusions presque évidentes au voyage triomphal d’Ignace prisonnier et aux

  1. Irénée, V, xxviii, 4.