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de deux séries[1]. Ignace ne mourut que sous le règne de Trajan ; saint Paul vit pour la dernière fois Antioche en l’an 54. Il se passa donc pour Ignace la même chose que pour Clément, pour Papias, et pour un grand nombre de personnages de la deuxième et de la troisième génération chrétienne ; on força les dates pour qu’ils fussent censés avoir reçu des apôtres leur institution ou leur enseignement.

L’Égypte, qui fut longtemps très en retard avec le christianisme[2], reçut probablement sous les Flavius le germe de la croyance nouvelle. La tradition de la prédication de Marc à Alexandrie[3] est une de ces inventions tardives par lesquelles les grandes Églises cherchèrent à s’attribuer une antiquité apostolique. On sait assez bien les lignes générales de la vie de saint Marc ; c’est vers Rome, non vers Alexandrie, qu’on le voit se diriger. Quand toutes les grandes Églises prétendirent avoir eu des fondateurs apostoliques, l’Église d’Alexandrie, devenue très-considé-

  1. Cette διαδοχή n’eut jamais la fixité de celle des évêques supposés de Rome. Origène, Eusèbe, Théodoret, saint Jean Chrysostome et saint Jérôme n’y concordent pas bien.
  2. Voir les Apôtres, p. 283 et suiv.
  3. Eusèbe, H. E., II, 16 ; Épiphane, hær li, 6 ; saint Jérôme, De viris ill., 8 ; Nicéphore, H. E., II, 15, 43. L’adhuc judaïzantem de saint Jérôme est aussi probablement une supposition a priori.