Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/213

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vrira ; ils seront précipités dans les abîmes du sombre Tartare et de la géhenne, sœur du Styx. Au contraire, ceux qui auront pratiqué la piété revivront dans le monde du grand Dieu éternel, au sein du bonheur impérissable, Dieu leur donnant, en récompense de leur piété, l’esprit, la vie et la grâce. Alors tous se verront eux-mêmes, les yeux fixés sur la lumière charmante d’un soleil qui ne se couchera pas. O heureux l’homme qui vivra jusqu’à ce temps-là !


L’auteur de ce poëme était-il chrétien ? Il l’était assurément de cœur ; mais il l’était à sa manière. Les critiques qui voient dans ce morceau l’œuvre d’un disciple de Jésus, s’appuient principalement sur l’invitation adressée aux gentils de se convertir et de se laver le corps entier dans les fleuves[1]. Mais le baptême n’était pas exclusivement propre aux chrétiens. Il y avait, à côté du christianisme, des sectes de baptistes, d’hémérobaptistes, à qui le vers sibyllin conviendrait mieux, puisque le baptême chrétien n’était administré qu’une fois, tandis que le baptême dont il est question dans le poëme paraît avoir été, comme la prière qui l’accompagne[2], une pratique pieuse effaçant les péchés, un sacrement susceptible d’être renouvelé, et qu’on s’administrait soi-même. Ce qui serait tout à fait

  1. Carm. sib., IV, 164.
  2. Ibid., IV, 165-166.