Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/215

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vertueux. Vers l’an 80, il y avait encore, surtout en Égypte, des sectes qui se plaçaient à ce point de vue, sans pourtant adhérer à Jésus. Bientôt il n’y en aura plus, et l’Église chrétienne contiendra tous ceux qui veulent se soustraire aux exigences excessives de la Loi sans cesser d’appartenir à la famille spirituelle d’Abraham.

Le livre coté le quatrième dans la collection sibylline n’est pas le seul écrit de son espèce qu’ait produit l’époque de Domitien. Le morceau qui sert de préface à la collection tout entière, et qui nous a été conservé par Théophile, évêque d’Antioche (fin du iie siècle), ressemble beaucoup au livre quatrième et se termine de la même manière[1] : « Une trombe de feu fondra sur vous ; des torches ardentes vous brûleront durant l’éternité ; mais ceux qui auront adoré le vrai Dieu infini hériteront de la vie, habitant à jamais le riant jardin du Paradis, mangeant le doux pain qui descend du ciel étoilé[2]. » Ce fragment semble, au premier coup d’œil, présenter en quelques expressions des indices de christianisme ; mais on trouve dans Philon des expressions tout à fait analogues. Le christianisme naissant eut, en

  1. Carm. sib., proœm., v. 81-87 ; comp. III, 60-61.
  2. Cf. Philon, Allégories de la Loi, III, § 59 ; Carm. sib., VIII, 403 et suiv.