Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/225

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des événements dont il n’est rien dit dans la partie historique[1]. De là ces singuliers doublets qui caractérisent le premier Évangile : deux guérisons de deux aveugles[2] ; deux guérisons d’un démoniaque muet[3] ; deux multiplications des pains[4] ; deux demandes d’un signe miraculeux[5] ; deux invectives contre le scandale[6] ; deux sentences sur le divorce[7]. De là aussi peut-être cette façon de procéder par couples, qui produit l’effet d’une sorte de diplopie narrative : deux aveugles de Jéricho et deux autres aveugles[8] ; deux démoniaques de Gergésa[9] ; deux disciples de Jean[10] ; deux disciples de Jésus[11] ; deux frères[12]. L’exégèse harmonistique produisait dès lors ses résultats ordinaires, la redondance, la pesanteur.

  1. Matth., x, 25 ; xi, 21 ; xxiii, 37.
  2. Matth., ix, 27-30 ; xx, 29-34.
  3. Matth., ix, 32-34 ; xii, 22-24.
  4. Matth., xiv, 13-21 ; xv, 32-39.
  5. Matth., xii, 38-42 ; xvi, 1-4.
  6. Matth., v, 29-30 ; xviii, 8-9.
  7. Matth., v, 32 ; xix, 9.
  8. Matth., ix, 27 ; xx, 30 ; cf. Marc, x, 46-53 ; Luc, xviii, 35-43.
  9. Matth., viii, 28 ; cf. Marc, v, 1-10.
  10. Matth., xi, 2.
  11. Matth., xxi, 1.
  12. Matth., iv, 18. Cf. δύο πλούσιοι, Évang. des Naz., Hilg., p. 16, lignes 30-31. Comparez la même chose dans le Schah nameh, épisode de Siawusch. Mohl, II, préf., p. vii-viii (nouv. édit.).