Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/233

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père et du grand-père de Joseph fussent connus[1]. À cela près, de Zorobabel à Joseph, tout a été fabriqué. Comme, depuis la captivité, les écrits bibliques ne fournissaient plus de chronologie, l’auteur croit l’espace plus court qu’il n’est en réalité, et y met trop peu d’échelons[2]. De Zorobabel à David, on s’est servi des Paralipomènes, non sans diverses inexactitudes ou bizarreries mnémoniques[3]. La Genèse, le livre de Ruth, les Paralipomènes ont fourni la tige jusqu’à David. Une singulière préoccupation de l’auteur de la généalogie contenue dans Matthieu a été de nommer par privilège exceptionnel ou même d’introduire de force[4] dans la ligne ascendante de Jésus quatre femmes pécheresses, infidèles ou d’une conduite qu’un pharisien aurait pu critiquer, Thamar, Rahab, Ruth et Bethsabé[5]. C’était une invitation aux

  1. Cela est peu probable, cependant ; car, dans Luc, la divergence commence au père même de Joseph.
  2. Luc en met davantage. En général, la généalogie de Luc est la plus étudiée. Il semble qu’on y cherche à corriger celle de Matthieu d’après des vues réfléchies. Eusèbe donne de ces divergences voulues une explication qui montre bien ce que ces généalogies eurent d’artificiel. Quæst. ad Steph., 3.
  3. Les séries de quatorze (Matth., i, 17) ne sont obtenues qu’en faisant violence à l’histoire des rois de Juda. La correction que présente ici le texte syriaque curetonien est tout apologétique.
  4. C’est ce qui a lieu pour Rahab.
  5. La synagogue cherchait, au contraire, à supprimer autant