Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/276

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mais sans doute ils ne furent pas ostensiblement chrétiens. Nous verrons plus tard Flavie Domitille agir plus en Romaine qu’en chrétienne et ne pas reculer devant l’assassinat d’un tyran. Le seul fait d’accepter le consulat était pour Clemens accepter l’obligation de sacrifices et de cérémonies essentiellement idolâtres[1]. Clemens était la seconde personne de l’État. Il avait deux enfants que Domitien destinait à lui succéder, et auxquels celui-ci avait déjà donné les noms de Vespasien et de Domitien[2]. L’éducation de ces enfants était confiée à un des hommes les plus corrects du temps, au rhéteur Quintilien[3], à qui Clemens fit accorder les insignes honoraires du consulat[4]. Or Quintilien poussait l’horreur des idées juives au même degré que l’horreur des idées républicaines. À côté des Gracques, il place « l’auteur de la superstition judaïque » parmi les révolutionnaires les plus néfastes[5]. Quintilien pensait-il à Moïse

  1. Ovide, Fast., I, 79-86 ; Pont., IV, iv, 23-42. Comp. Tertullien, De idolol., 17-20 ; Origène, Contre Celse, VIII, 74, 75.
  2. Suét., Dom., 15. Cf. Mionnet, t. III, p. 223, nos 1246, 1247.
  3. Quintilien, Instit. orat., l. IV, præf.
  4. Ausone, Grat. actio ad Grat. pro cons., col. 940, Migne. Cf. Juvénal, vii, 197.
  5. « Et est conditoribus urbium infame contraxisse aliquam perniciosam ceteris gentem, qualis est primus Judaïcæ superstitionis auctor ; et Gracchorum leges invisæ » (III, vii, 21).