Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/294

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sentent sous ce rapport des doutes que la critique n’a pas encore levés complètement : ce sont les passages relatifs à Jean-Baptiste, à Jésus et à Jacques[1]. Certes, il est possible que ces passages, au moins celui qui est relatif à Jésus, soient des interpolations faites par les chrétiens à un livre qu’ils s’étaient en quelque sorte approprié. Nous préférons croire cependant qu’aux trois endroits en question il était parlé en effet de Jean-Baptiste, de Jésus et de Jacques, et que le travail de l’éditeur chrétien, si l’on peut s’exprimer ainsi, s’est borné à retrancher du passage sur Jésus certains membres de phrase, à modifier quelques expressions choquantes pour un lecteur orthodoxe[2].

  1. Ant., XVIII, iii, 3 ; v, 2 ; XX, ix, 1.
  2. Surtout ἦν pour ἐνομίζετο. Voir Vie de Jésus, p. xl, xli. Cf. saint Jérôme, De viris ill., c. 13. La transition par laquelle reprend le paragraphe suivant (Ant., XVIII, iii, 4) semble supposer que l’apparition de Jésus était présentée comme un événement fâcheux pour la nation (ἕτερον τι δεινόν), et même comme une œuvre d’imposture, puisque le fait que Josèphe est amené à raconter pour suivre le même ordre d’idées est une supercherie religieuse. Que la nature de cette supercherie renferme, comme on l’a quelquefois supposé, une allusion à la conception surnaturelle de Jésus, c’est ce qui est tout à fait invraisemblable. Il y a plus : si Josèphe s’était exprimé sur le compte de Jésus d’une façon tout à fait désavantageuse, les chrétiens l’eussent traité en ennemi et ne l’eussent pas adopté. On n’admet à correction que les écrivains qui ne sont pas tout à fait pervers.