Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 5 Evangiles, Levy, 1877.djvu/325

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Jésus[1]. Élisabeth et Zacharie longtemps stériles, la vision du prêtre à l’heure de l’encens, la visite des deux mères, le cantique du père de Jean-Baptiste, furent comme des propylées avant le portique, imités du portique lui-même et en reproduisant les lignes principales. On n’entend pas nier que Luc n’ait trouvé dans les documents dont il se servait le germe de ces jolis récits, qui ont été une des principales sources de l’art chrétien. En effet, le style des « enfances » de Luc, coupé, chargé d’hébraïsmes, n’est guère celui du prologue. De plus, cette partie de l’ouvrage est plus juive que le reste : Jean-Baptiste est d’origine sacerdotale ; les rites de la purification, de la circoncision, sont soigneusement accomplis ; les parents de Jésus vont chaque année au pèlerinage[2] ; plusieurs anecdotes sont tout à fait dans le goût juif[3]. Un trait remarquable, c’est que le rôle de Marie, nul dans Marc, grandit peu à peu, à mesure qu’on s’éloigne de la Judée et que Joseph perd son rôle paternel. La légende a

  1. Le Protévangile de Jacques et l’Évangile de la nativité de Marie appliquent les mêmes procédés d’amplification à la naissance de Marie, mère de Jésus.
  2. Luc, ii, 41.
  3. Ainsi Luc, ii, 42 et suiv. De tout temps, les juifs ont aimé les enfants prodiges, en remontrant pour la science de la Loi aux docteurs. Josèphe, Vita, 2.